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Qui crie dans la nuit?

Tranquillement installée dans mon sofa pour bouquiner après une journée harassante, je profitais du calme nocturne de la campagne environnante quand un cri strident se fit entendre. Affolée, je questionnai mon mari sur son origine. D’un ton étonnamment neutre, il me rassura en m’avouant que ce n’était que nos adolescentes de service qui poussaient des cris d’orfraie.

Des cris d’orfraie ? Mes filles comparées à des orfraies ? Mais qu’est-ce que cette expression sortie de derrière les fagots ?

Le nom orfraie signifie littéralement en latin briseuse d’os et désigne plusieurs espèces de rapaces piscivores comme les pygargues, balbuzard pêcheur dont le nom anglais « osprey » possède la même origine.

Cette expression née au XVIème siècle, désigne l’action de crier au scandale, de hurler sans justification, de pousser des cris stridents disproportionnés mais aussi de protester violemment. Mais pourquoi compare-t-on ce genre de hurlements à ceux de l’orfraie, un rapace diurne dont le cri est loin de procurer de l’effroi ? La raison est simple il s’agirait d’une confusion  entre l’effraie et l’orfraie qui sont ma foi très ressemblant phonétiquement mais ne produisent pas le même effet. La chouette effraie qui porte bien son nom est très douée pour effrayer les promeneurs noctambules bien plus que l’orfraie même si la Bible la considère comme un oiseau de mauvais augure.

L’expression pousser des cris d’orfraie a été largement utilisée dans la littérature. Théophile Gautier  l’emploie par exemple dans son ouvrage « Le roman de la momie » pour décrire les hurlements de la  servante de Ra’hel et affirme qu’elle « se mit à pousser des cris d’orfraie plumée vive ». Est-ce à dire que mon mari fait de la littérature lorsqu’il me répond ? On le dirait bien même si je ne l’en croyais pas capable ! Ce qui est certain, c’est que maintenant, je suis rassurée de savoir que mes filles crient comme des orfraies ! Elles ne vont pas être faciles à marier !

Axelle Rousse_Redacxelle

Femme fatale aux courbes si parfaites qu’indicibles, je reste au foyer pour éviter les paparazzi et mener une vie tranquille loin des projecteurs. J’en profite pour cultiver mes neurones et m’intéresser à tout et n’importe quoi. Mes madeleines préférées sont la grammaire française, la littérature, la musique savante et la pédagogie.

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