La révolution russe dans tous ses états

Il m’est venu spontanément l’envie d’écrire un texte sur les écoles historiographiques traitant de la Révolution Russe, donc le voilà, c’était un plaisir de l’écrire pour vous.
Il est en très grande partie issu d’une conversation avec mon ami C. La révolution Russe est un sujet assez vaste qui a fait l’objet de très nombreux débats autour de lui, les propagandes communiste, Américaine et nazie n’ayant pas aidé à y voir plus clair.

Il y existe trois écoles historiques qui donnent chacune une interprétation différente des faits :

L’école libérale qui veut que la Russie tsariste fut fondamentalement démophile et que le capitalisme russe naissant fit sortir rapidement les populations arriérées de la pauvreté, et d’ailleurs, les conditions de vie n’y étaient pas si épouvantables que l’affirmèrent par la suite les communistes et le régime était finalement relativement peu oppressif. Mais la guerre mit fin à cet élan de progrès et les bolcheviques sautèrent sur l’occasion pour imposer leur tyrannie d’État sur tout le pays. Ils se lancèrent dans la guerre civile en massacrant en masse tous leurs opposants pour s’assurer une domination totale sur le pays.

L’école zakonomernyi (conforme aux lois) qui veut que la Russie tsariste fut une tyrannie autocratique infâme et brutalement antipopulaire qui maintenait les populations dans la misère et la superstition et voyait d’un très mauvais œil le développement du capitalisme qui faisait grandir les masses ouvrière ouvertes aux idées sociales et se servit de la guerre comme prétexte pour faire taire les contestations au sein du pays. Mais la bourgeoisie fit sa révolution en février 17 et tenta de construire un État bourgeois libéral. Les bolcheviques saisirent la première occasion de lancer une véritable révolution prolétarienne et de fonder un État socialiste laïc et démocratique populaire (soviétique) qui tira les paysans de leur état d’arriération et se lança sur la longue voie qui mène au communisme. Cet élan fut stoppé par une centralisation sur excessive et un culte de la personnalité de Staline, puis fut reprise par les dirigeants d’URSS après la mort de Staline.

Et l’école réaliste, voulant que la Russie fut un état arriéré gouverné par un monarque absolu incompétent qui recourait à la violence pour compenser sa faiblesse et qui était détesté de toutes les classes sociales, paysans, ouvriers, koulaks (propriétaires terriens), bourgeois et nobles ; il lança son pays dans la guerre par un jeu d’alliances sans y être préparé et accéléra le processus qui menait le pays inéluctablement à la révolution. Révolution qui éclata finalement en février 1917 et fonda un premier état démocratique très instable dont les bolcheviques tirèrent parti pour prendre le pouvoir. La situation leur échappa et s’ensuivit une guerre civile atroce où les trois camps (rouges, blancs et paysans) rivalisèrent de cruauté et de violence (les bolcheviques étant d’ailleurs les moins pires (ce qui n’est pas une marque de douceur pour autant) et dont les rouges sortirent miraculeusement vainqueurs. Ils se retrouvèrent avec un pays ruiné et épuisé par la mort d’une à deux dizaine de millions de citoyens et essayèrent de le remonter comme ils pouvaient en choisissant d’industrialiser en masse grâce à un système de planification totale d’une efficacité variable.  Beaucoup de leurs aspirations démocratiques furent oubliées au profit du productivisme peu après la mort prématurée de Lénine, sous la pression d’une étoile montante : un certain Staline, qui parvint à s’arroger un pouvoir croissant.

L’école libérale est aujourd’hui de moins en moins soutenue par les historiens depuis la fin de la Guerre Froide et actuellement, l’école zakonomernyi est peu soutenue en dehors de Russie, des milieux marxistes-léninistes et des derniers pays socialistes ; l’école réaliste s’est imposée à peu près partout, mais ses théories restent débattues.

Pour finir, on vous offre un thé …russe !