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Le coprin noir d’encre et son effet antabuse

Pour profiter au maximum des appréciables rayons de soleil de ce week-end prolongé de novembre, je suis partie en sortie botanique avec des amis, en quête de champignons dans les sous-bois champenois, le panier à la main et l’œil aux aguets pour dénicher quelques beaux spécimens de cèpes ou de chanterelles. L’air est frais, l’ambiance détendue, et nous voilà tous plongés dans l’exploration de la forêt. Au détour d’un buisson, je tombe sur un petit champignon au look innocent, le fameux Coprin noir d’encre. « Tiens, pourquoi pas ? » me dis-je, en en croquant un petit morceau pour satisfaire ma curiosité.

A la fin de la balade : on se retrouve autour d’une petite collation pour partager nos trouvailles. Un ami sort une bouteille de vin pour célébrer notre récolte. Innocemment, je lève mon verre et trinque avec les autres… mais quelques gorgées plus tard, catastrophe ! Mon cœur se met à tambouriner, je sens mes joues brûler et je commence à transpirer comme jamais. Comprenant enfin mon erreur, je réalise que j’ai déclenché une réaction « antabuse » (pire que la dipsomanie) en croquant ce satané champignon ! Eh oui….. J’ignorais que ce champignon cache un secret redoutable. On le surnomme d’ailleurs le champignon antabuse parce qu’il contient une substance similaire au disulfirame, le médicament Antabuse, celui-là même qui est prescrit pour empêcher la consommation d’alcool. En gros, il bloque une enzyme indispensable pour éliminer l’alcool dans le corps.

Zoom sur le mécanisme d’action

Le Coprin noir d’encre contient une substance appelée coprine. Cette molécule agit de manière similaire au disulfirame (Antabuse), le médicament utilisé pour traiter la dépendance à l’alcool. Lorsqu’on consomme de l’alcool après avoir mangé du Coprin noir d’encre, la coprine empêche l’élimination normale de l’alcool dans le corps. Elle inhibe en effet une enzyme hépatique, l’aldéhyde déshydrogénase, qui dégrade l’acétaldéhyde, un sous-produit toxique du métabolisme de l’alcool. Résultat : l’acétaldéhyde s’accumule dans le sang.

Le syndrome antabuse est une réaction indésirable grave qui se produit lorsqu’une personne consomme de l’alcool alors qu’elle prend du disulfirame (nom de marque Antabuse), un médicament utilisé pour soutenir le sevrage alcoolique. Le disulfirame interfère avec le métabolisme normal de l’alcool, provoquant une réaction désagréable lors de sa consommation. Cette réaction a pour but de décourager les individus de boire, car même de petites quantités d’alcool peuvent déclencher des symptômes inconfortables et potentiellement dangereux.

Lorsqu’une personne prend du disulfirame  (ou du coprin noir d’encre ) et boit ensuite de l’alcool :

  • L’alcool est d’abord métabolisé en acétaldéhyde par l’enzyme alcool déshydrogénase.
  • Normalement, l’acétaldéhyde est rapidement transformé en acide acétique par l’ aldéhyde déshydrogénase.
  • Le disulfirame inhibe l’aldéhyde déshydrogénase, ce qui entraîne une accumulation d’acétaldéhyde dans le sang.

Symptômes de la réaction disulfirame-alcool

  • Des bouffées de chaleur (chaleur et rougeur du visage et du corps).
  • Nausées et vomissements sévères
  • Maux de tête
  • Tachycardie
  • Hypotension
  • Faiblesse et vertiges.
  • Troubles de la vision
  • Gêne respiratoire
  • Troubles cognitifs

Dans les cas graves, en particulier avec des doses élevées de disulfirame ou d’alcool, les symptômes peuvent inclure :

  • Douleurs thoraciques
  • Dépression respiratoire
  • Convulsions
  • Collapsus cardiovasculaire
  • Décès (dans de rares cas)

Moralité ? En cueillette, même les champignons les plus inoffensifs peuvent cacher des surprises ! Mieux vaut donc se contenter de les admirer ou de les glisser dans le panier sans les goûter, sous peine de troquer la tranquillité de la forêt contre des palpitations et des rougeurs… une expérience de dégustation un peu « trop » intense, si vous voulez mon avis !

Axelle Rousse_Redacxelle

Femme fatale aux courbes si parfaites qu’indicibles, je reste au foyer pour éviter les paparazzi et mener une vie tranquille loin des projecteurs. J’en profite pour cultiver mes neurones et m’intéresser à tout et n’importe quoi. Mes madeleines préférées sont la grammaire française, la littérature, la musique savante et la pédagogie.

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