Ma grand-mère avait pris l’habitude de donner des diminutifs à sa tripotée de petits-enfants. Ces surnoms originaux ; ma petite princesse, mon sucre d’orge, crapaud d’amour et carcajou tout doux, rythmaient la journée de la couvée de cousins germains qui virevoltaient dans ses jupons pendant les vacances scolaires. Moi, carcajou tout doux, je me plaisais à imaginer que je ressemblais à un petit animal tendre, une peluche affectueuse et paisible, jusqu’au jour où, lors d’un voyage dans le Grand nord canadien, mon guide sembla se figer en apercevant, non loin de notre campement, un véritable carcajou ! Il nous enjoignit à retourner lentement et le plus calmement possible dans nos abris pour que le wolverine (c’est le nom anglais du carcajou) ne se sente pas agressé.
Quand la menace fut éloignée, je m’empressais de prendre de plus amples informations sur le carcajou auprès de mon accompagnateur autochtone.
Il me regarda, mi-amusé, mi-sérieux, avant de lâcher dans un souffle :
— Le carcajou ? Un petit animal tendre ?
Il éclata de rire, ce genre de rire franc et sonore qui vous met immédiatement mal à l’aise quand vous comprenez que vous êtes passé à côté de quelque chose d’énorme.
— Le carcajou, mon ami, c’est la terreur des bois !
Intriguée, je l’écoutai me décrire cette créature que je croyais douce et affectueuse. Selon lui, ce prédateur, appelé aussi Gulo gulo (nom scientifique) ou glouton (nom vernaculaire), était capable d’affronter des loups pour un bout de viande gelé, de voler le festin d’un ours, et de traquer ses proies avec une endurance diabolique. Malgré sa taille modeste, il ne reculait devant aucun adversaire et pouvait parcourir des kilomètres dans la neige sans faiblir.
Je restai un moment silencieuse, digérant cette révélation. Ainsi, depuis toutes ces années, j’avais porté un surnom qui évoquait plus un guerrier féroce qu’une peluche inoffensive.
Un sourire naquit sur mes lèvres. Après tout, n’était-ce pas une belle ironie ? Moi, « carcajou tout doux », j’avais peut-être plus de cette bête intrépide en mon for intérieur que je ne l’aurais cru…
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