Les bêtes du Gévaudan

Il était une fois, dans les montagnes reculées du Gévaudan, une région sauvage et mystérieuse située au cœur du royaume de France, une créature terrifiante qui semait la peur et la désolation parmi les villageois. Cette bête, dont on ne connaissait ni l’origine ni la forme véritable, frappait sans prévenir et s’en prenait aux hommes, aux femmes, et aux enfants qui osaient s’aventurer dans les forêts environnantes.

Tout commença un matin d’été en 1764, lorsque l’on retrouva le corps d’une jeune bergère, horriblement mutilé, à proximité de son troupeau. La rumeur se propagea vite : une bête féroce ou un monstre hantait les bois du Gévaudan.

Les villageois racontaient qu’elle avait la taille d’un veau, des crocs acérés comme des poignards, un pelage roux strié de noir, et des yeux rouges comme des braises. Certains prétendaient même qu’elle se tenait debout comme un homme, tantôt ressemblant à un loup gigantesque, tantôt à un monstre venu des profondeurs de l’enfer. Malgré les prières ferventes et les messes données par les prêtres, les attaques se multiplièrent. Chaque semaine, un nouvel habitant tombait sous les crocs de la Bête, et bientôt, la peur se changea en panique. Les paysans n’osaient plus sortir la nuit, les enfants n’étaient plus envoyés garder les troupeaux, et le silence pesant qui régnait sur les villages semblait annoncer une menace invisible.

Le roi Louis XV, apprenant la terreur qui régnait dans cette province lointaine, décida d’envoyer ses meilleurs chasseurs pour traquer la créature. Des troupes entières, armées de mousquets et accompagnées de chiens de chasse, partirent en quête du monstre. Pendant des semaines, le régiment de troupes légères de Clermont-Prince et son capitaine Jean-Baptiste Duhamel explorèrent les forêts, les montagnes et les ravins du Gévaudan, mais la Bête restait insaisissable, comme si elle se jouait d’eux. Malgré plusieurs escarmouches, la Bête échappa à toutes les tentatives de capture par les troupes de Clermont-Prince. Certains rapports indiquent même que la Bête se montrait particulièrement rusée, changeant constamment de territoire et évitant habilement les pièges tendus par les soldats et les chasseurs locaux. Chaque fois qu’on croyait l’avoir tuée, elle réapparaissait, plus féroce encore. Les légendes se mirent à circuler : certains disaient que la Bête n’était pas un simple animal, mais une créature envoyée par le diable lui-même, peut-être même un loup-garou. D’autres pensaient qu’il s’agissait d’un homme maudit, condamné à vivre sous la forme d’un monstre pour expier de terribles péchés. Finalement, Louis XV retira les troupes de Duhamel en 1765 et les remplaça par un autre chasseur, François Antoine, le porte-arquebuse du roi, qui tua un grand loup. Cependant, la question reste controversée : certains croient que ce loup était bien la Bête, d’autres que les attaques ont continué par la suite, nourrissant ainsi le mystère.

D’ailleurs, un autre jour, en 1767, un chasseur nommé Jean Chastel, un homme sage et courageux, décida de partir seul affronter la créature. Armé de sa foi et de son mousquet, il s’aventura dans les montagnes où la Bête avait été aperçue pour la dernière fois. Certains disent qu’avant de partir, il avait fait bénir des balles en argent, croyant aux rumeurs qui prétendaient que seule une arme sacrée pourrait tuer le monstre. Après des heures d’attente silencieuse dans une clairière, la Bête apparut. Elle était encore plus terrifiante que dans les histoires, avec ses crocs luisants sous la lumière de la lune. Mais Jean Chastel, sans trembler, visa et tira. La Bête poussa un hurlement déchirant qui fit trembler la forêt entière avant de s’effondrer dans un dernier souffle. La nouvelle de la mort de la Bête se répandit rapidement dans toute la région. Jean Chastel fut célébré comme un héros, et la paix revint enfin dans les villages du Gévaudan. Les attaques cessèrent, et petit à petit, les gens reprirent leur vie normale. Mais même après la disparition de la créature, le mystère de la (les) Bête(s) du Gévaudan demeura.


Était-ce un loup gigantesque, un animal dressé, ou bien une créature surnaturelle ? Nul ne le savait vraiment. Mais les anciens, au coin du feu, racontaient toujours cette histoire avec crainte et fascination, rappelant à tous que dans les forêts sombres du Gévaudan, le mal avait un jour rôdé sous la forme d’une bête inconnue.

 

A propos de l'auteur

Axelle Rousse_Redacxelle

Femme fatale aux courbes si parfaites qu’indicibles, je reste au foyer pour éviter les paparazzi et mener une vie tranquille loin des projecteurs. J’en profite pour cultiver mes neurones et m’intéresser à tout et n’importe quoi. Mes madeleines préférées sont la grammaire française, la littérature, la musique savante et la pédagogie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser les tags HTML suivants : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Culture-generale.fr est un blog collaboratif créé en décembre 2007. Tous les articles et les contenus sont sous licence Creative Commons 2.0 , ce qui veut dire que vous pouvez les utiliser dans un cadre non commercial et que vous avez l'obligation de citer la source (un lien vers la home du site suffira). Visitez aussi la page regroupant d'autres sites intéressants.