Un tombeau bien musical
Il ne s’agit pas d’une publicité pour un nouveau type de pierre tombale ! Le tombeau musical est une élégie en notes, pas en granit !
Le tombeau musical, apparu au XVIIe siècle, est un genre instrumental ou vocal dédié à la mémoire d’un défunt — souvent un musicien admiré ou un proche. Il ne se grave pas dans la pierre, mais dans les portées, entre émotion contenue et raffinement formel.
Ni funèbre au sens strict, ni pompeusement commémoratif, le tombeau est plutôt une méditation intime, une manière pour les compositeurs d’exprimer la perte, l’admiration ou la fidélité en langage musical. De Froberger à Couperin, jusqu’à Ravel ou Dutilleux, nombreux sont ceux qui ont fait du tombeau une œuvre vivante — paradoxalement vibrante de présence.
Un tombeau est une composition musicale (auparavant, au début du XVIe siècle, un poème) commémorant la mort d’un personnage important. Le terme dérive du mot français signifiant « tombe » ou « pierre tombale ». La grande majorité des tombeaux datent du XVIIe siècle et ont été composés pour luth ou autres instruments à cordes pincées. Le plus ancien de ce genre semble être le Tombeau de Mezangeau (1638) du luthiste français Ennemond Gaultier, mais la forme est progressivement tombée en désuétude au cours du XVIIIe siècle, avant de réapparaître au début du XXe siècle notamment avec le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel (1919).
Parmi les autres tombeaux du XXe siècle, citons Le Tombeau de Debussy de Manuel de Falla pour guitare seule
Le Tombeau de Ravel d’Arthur Benjamin pour clarinette et piano
Le Tombeau for Michael Collins (1987) de Mona Lyn Reese.
Au 21e siècle, Roman Turovsky-Savchuk a écrit une série de tombeaux.
Le tombeau musical est un hommage silencieux, un adieu en sourdine. Il honore la mémoire d’un être disparu sans éclat dramatique, avec pudeur et profondeur. Chaque note y devient souvenir, chaque silence une présence.
À l’opposé, la danse macabre entraîne la mort dans un bal grotesque et universel, où rois et mendiants valsent à égalité. Là où le tombeau pleure doucement, la danse macabre rit fort — mais toutes deux rappellent, chacune à leur manière, que la mort inspire, rassemble et fait parler la musique.
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