Qui va chasser…
L’info du jour sera très technique, puisque je vais vous indiquer comment pratiquer la chasse au dahu. J’ai été initiée très jeune à cette chasse et souhaite partager avec vous mon expérience pour qu’elle vous soit utile dans le cas où vous seriez très prochainement convié à vivre cet évènement hors du commun.
Règlement de la chasse :
De façon traditionnelle, la chasse au dahu est une battue qui se fait de nuit dans une forêt très dense et légèrement en pente. Chaque participant devra se munir d’un sac et d’un bâton car c’est en frappant les arbres avec le bâton, que le dahu prend peur et se trouve déséquilibré, puisqu’il a deux pattes plus courtes que les autres. Les amis qui vous ont invité à cette chasse seront les rabatteurs et vous serez certainement chargé de la capture du dahu en vous postant, avec votre sac ouvert en contrebas. Une autre technique plus simple (sans ustensiles) a fait aussi ses preuves dans les nombreuses chasses organisées dans les régions (Jura, Vosges, Bourgogne, Aubrac, Aveyron, Catalogne et Andorre, ou encore le Haut-Valais) où cet animal en voie de disparation se trouve encore. Le chasseur doit se tenir derrière le dahu et l’appeler. Etant très sociable, celui-ci se retourne et perd l’équilibre. Il ne vous reste qu’à l’attraper. Il vous faudra auparavant avoir appris à reproduire le sifflement du dahu. Pour vous éviter des heures de pratiques et vous faciliter la tâche, je vous mets un enregistrement du cri que vous aurez à imiter.
Portrait du dahu :
Je vais aussi vous décrire très précisément l’animal pour que ne soyez pas surpris en l’apercevant etque vous réussissiez à l’attraper plus facilement.
L’une de ses principales caractéristiques est qu’il possède deux pattes latérales plus courtes que les deux autres, afin de bien se tenir dans les pentes montagneuses. Mais contrairement à un lièvre ou une marmotte la différence de taille s’observerait entre les pattes de gauche et celles de droite. On explique cette différence de longueur par le fait que le dahu ne vit que sur les pentes. Résultant de l’évolution des espèces, sa morphologie lui facilite les déplacements à flanc mais l’oblige à se déplacer toujours dans la même direction sans pouvoir faire demi-tour. Selon certains, il existerait 2 espèces de dahu, l’un possédant des pattes gauches plus courtes se rencontrerait sur le versant droit, et l’autre avec des pattes plus courtes du côté droit se trouverait plutôt sur le versant opposé. Il paraîtrait aussi que les deux espèces auraient beaucoup de mal à se reproduire ensemble, puisqu’elles ne peuvent en réalité se retrouver que tête contre tête ou arrière-train contre arrière-train.
Point très important, à lire absolument avant votre départ pour la chasse :
Le dahu ou dahut est un animal sauvage complètement imaginaire dont l’existence est évoquée à la campagne dans le but de faire une blague à des nouveaux venus, des personnes particulièrement naïves, tels des citadins très peu connaisseurs, de la faune montagnarde ou forestière. Le dindon de la farce est amené à la chasse au dahu et chargé d’attraper la bête, mais il se retrouve très vite abandonné dans la forêt avec son bâton et son sac, en pleine nuit ne sachant comment retrouver son chemin, dans une nature qu’il connait très mal. Le dénouement de l’histoire permet bien souvent à celui qui s’est fait plaisanter, d’intégrer le groupe » des connaisseurs »dans la bonne humeur. La chasse au dahu constitue ainsi un rite initiatique d’intégration.
Complément d’information : le dahu aux pattes gauches plus courtes est dit dextrogyre car il tourne autour de la montagne en direction de la droite par rapport à un observateur fixe. L’autre est dit lévogyre. 🙂