A l’eau j’égoutte !

Aujourd’hui, on truffe nos smartphones d’applications (plus ou moins) utiles. On surfe sur internet avec ceux-ci, on discute, on échange, on  « géolocalise »… On en oublierait presque que la fonction première de ces appareils est de … Téléphoner. Et passer un coup de fil avec ces bijoux de technologie est d’une simplicité enfantine. On recherche un contact dans le répertoire et on appuie sur un bouton. Mieux encore, on prononce le nom du contact et la communication va s’établir.

Bien loin du temps où il fallait passer par une tierce personne pour joindre un correspondant. Tierce personne qui était obligatoirement une femme. Et pas n’importe quelle femme, attention, ça ne rigolait pas.

Dès 1890, les opératrices qu’on surnommera les Demoiselles du téléphone sont recrutées sur concours. Pourtant juste chargées de mettre en relation les abonnés du téléphone, les critères de recrutement ne faisaient pas dans la dentelle :

Il fallait qu’elles soient âgées au minimum de 18 ans et maximum 25, bien éduquées, justifiant de moeurs exemplaires (des bonnes soeurs quoi) parce que bon, hein, vous représentiez l’administration française mesdemoiselles ! L’écoute des appels était strictement interdite et durement sanctionnée. La confidentialité dont elles devaient faire preuve les contraignait à ne pas épouser un homme qui, de par ses fonctions, pouvait se servir des informations entendues par sa jeune épouse sur son lieu de travail. Exit donc les parties de jambes en l’air avec un policier ou un homme politique et  bye-bye les nuits torrides avec les commerçants (oui, le commerçant cancane beaucoup).

Le choix de la gent féminine pour ce travail (attention mesdames) s’expliquait à l’époque par le fait que l’activité ne requérait pas de qualifications intellectuelles notoires (je vous avais prévenu). Ce travail n’était même pas considéré comme pénible, pensez vous : 11h d’affilé de taf, 2400 appels quotidiens avec des pics de 6 communications à gérer par minute. Et le casque qu’elles avaient sur la tête tenait plus, au niveau du poids, du casque lourd que des oreillettes dernier cri. Ce casque était d’ailleurs muni d’un contrepoids qui pendait dans le dos de la demoiselle pour qu’elle garde l’équilibre de sa colonne vertébrale.


Leurs voix résonneront dans les combinés jusqu’à la fin des années 1970, ère où l’automatisation du téléphone devint la norme sur notre territoire.

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A propos de l'auteur

Billx

Homme de poids s'il en est, le Billx est un curieux insatiable qui tend à partager le savoir qu'il glane au quotidien. Facile à apprivoiser (un verre de Saumur-Champigny suffit), le Billx n'hésite pas à se servir de l'humour comme d'une arme de vulgarisation massive. Doux la plupart du temps, il accepte sans problème les critiques pourvu qu'elles soient constructives.

5 commentaires

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  • Ma nounou, qui avait déjà un petit âge quand elle me gardait, avait fait ce métier. D’après ce qu’elle m’a dit plus tard, elles ne privaient pas pour écouter les conversations, et parfois se marraient bien entre elles ! Les rumeurs de quartier partaient bien souvent du standard téléphonique…
    PS : il est marrant ce photomontage, mais pourquoi le choix de cette image ?

  • C’était les prémisses de la hotline, finalement. Le boulot était-il pire à l’époque ou aujourd’hui ?

    Très bonne en effet, cette image !

  • Petite anecdote supplémentaire. L’inventeur du premier commutateur téléphonique automatique était … entrepreneur de pompes funèbres : Almon Strowger.

    Il était persuadé que la femme de son concurrent (employée comme opératrice téléphonique) procédait à un détournement de trafic téléphonique au profit de son mari. Cela le poussa à reprendre des études et créé le premier commutateur automatique. Il améliorera ensuite son invention et celle-ci sera utilisée dans le monde entier.

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