Ah le mur, toujours le mur !
Ni porteur et pas du tout concret, le 4ème mur est juste imaginaire. Enfin pas chez vous où il est bien dur et réel (à moins que vous n’ayez que des pièces triangulaires).
La notion de 4ème mur fut émise pour la première fois par Diderot (oui, le philosophe qui avait crée « L’Encyclopédie avec d’Alembert) et se développa au XIXe siècle avec l’essor du théâtre réaliste. Le 4ème mur, au théâtre, c’est donc cette paroi virtuelle au bord de la scène qui sépare les acteurs du public. Les comédiens jouent alors comme si le public n’existait pas et s’autorisent même à tourner le dos aux spectateurs, ce qui n’est pas pensable dans d’autres registres de théatres comme le vaudeville par exemple.
Avec ce 4ème mur, plus que spectateur, celui qui assiste se retrouve presque dans une situation de voyeur car il voit tout mais ne peut intervenir (il hésite à rire, ou même soupirer). Les comédiens ont ainsi un jeu plus minimaliste et en même temps plus proche de la réalité et donc la pièce jouée en demeure plus vraisemblable, car on ressent que cela pourrait arriver dans la (vraie) vie.
Mais certains s’affranchissent de cette cloison éthérée et on parle alors de « briser le 4ème mur« . Ceux là s’adressent directement au public, le prennent à partie ou même l’invectivent. Ce mur peut aussi se briser au cinéma, dans les séries télévisées, les bandes dessinées et même dans les jeux vidéo.
Par exemple, les moins jeunes se souviendront du Commissaire Bourrel qui s’adressait aux téléspectateurs au moment du dénouement dans la série Les Cinq Dernières Minutes. Les plus jeunes, eux, auront comme référence le personnage de Frank Underwood qui s’adresse souvent aux spectateurs en regardant directement la caméra dans l’excellente série House of Cards. Beaucoup d’autres séries reprennent le procédé : Les Simpson, Southpark, Garfield, Clair de lune, Scrubs, Malcolm, How I Met Your Mother…
Au cinéma, Amélie Poulain est aussi de connivence avec la caméra et donc le spectateur. On brise aussi le 4ème mur dans : Lord of War, Men in Black 3, Les Affranchis (Ray Liotta prend à partie les spectateurs au tribunal juste après la condamnation de plusieurs pontes de la mafia), Fight Club, Top Secret…
Dans le domaine de la bande dessinée : Le Chat (Geluk), Léonard, Iznogoud, Achille Talon (Greg)…
Et même le jeu vidéo n’est pas en reste : Metal Gear Solid (le 1er épisode sur Playstation où on nous demande de mettre la manette au sol pour combattre « Psycho Mantis« , Spyro, Harry Potter…
En terme de littérature, cela reste plus rare mais je me souviens que la dernière phrase du Mystère des Dieux de Bernard Werber brise explicitement ce fameux 4ème mur.
En tous cas, depuis le temps, j’espère bien avoir brisé le 4ème mur avec vous, voire la glace… La glace… J’prendrais bien un petit whisky moi…
Bon week-end !
Pour la littérature (où la notion de « 4e mur » me laisse un peu circonspect) Diderot s’amuse déjà avec son lecteur dans *Jacques le Fataliste* (1796).
Vous avez bien brisé la glace, mon cher, et votre rubrique brise tous les murs qui étriquent parfois nos esprits. Continuons à faire tomber tous les murs (le quatrième compris).
La culture, c est comme la confiture, moins on en a, plus on l étale. Ben grâce à votre site fraîchement découvert, je vais pouvoir me faire de sacrées tartines! Je suis une grande gourmande d anecdotes et de petites infos pas toujours utiles ,et là, vous me rassasiez! Quand je serez prête (oui…je suis une grande timide…jamais très sûre de moi et de mon intérêt pour les autres…), je m essayerai à vous ecrire un petit article. Vous pouvez desormais me compter parmi vos fidèles lectrices!’
Bienvenue ici Adlouti. Et n’hésitez pas à vous « lancer » ! 😉
En littérature, je ne sais pas si ça rentre dans le cadre du « bris du quatrième mur », le narrateur des Annales de la Compagnie Noire (par Glen Cook) s’adresse parfois directement au lecteur (« Vous qui lirez ces annales », etc.).