L’Affiche rouge
Si vous si vous suivez un tant soit peu les actualités, vous n’êtes pas sans ignorer que Missak Manouchian et son épouse viennent d’entrer au Panthéon. Peut-être aussi avez-vous entendu parler de la fameuse affiche rouge, incontestablement liée aux personnages de Missak Manouchian.
L’Affiche Rouge est une affiche de propagande tristement célèbre, diffusée par la France de Vichy et les autorités allemandes au printemps 1944 dans le Paris occupé, pour discréditer 23 résistants français immigrés, membres du groupe Manouchian. Les termes Affiche Rouge désignent aussi plus largement les circonstances entourant la création et la diffusion de l’affiche, la capture, le procès et l’exécution des membres du groupe Manouchian.
Le contexte
À la mi-novembre 1943, la police française arrête 23 membres des Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’Œuvre Immigrée (FTP-MOI), membres de la Résistance française, appelés « Groupe Manouchian », du nom de leur commandant, Missak Manouchian. Le groupe fait partie d’un réseau d’une centaine de combattants qui ont commis la quasi-totalité des actes de résistance armée dans l’agglomération parisienne entre mars et novembre 1943. Il est composé d’hommes d’origines diverses. 22 d’entre eux étaient Polonais, cinq Italiens, trois Hongrois, deux Arméniens, trois Espagnols, un Français et une Roumaine ; onze membres étaient juifs.
Après avoir été torturés et interrogés pendant trois mois, les 23 ont été jugés par un tribunal militaire allemand. Pour discréditer la Résistance, les autorités invitent des personnalités françaises (du monde du cinéma et des arts) à assister au procès et encouragent les médias à en faire le plus large écho possible. Tous les membres du groupe Manouchian, sauf un, sont exécutés devant un peloton d’exécution au fort du Mont-Valérien le 21 février 1944. Olga Bancic, qui avait servi le groupe comme messagère, est emmenée à Stuttgart, où elle est décapitée le 10 mai 1944.
Au printemps 1944, les autorités de Vichy lancent une campagne de propagande destinée à discréditer le groupe Manouchian et à désamorcer la colère de l’opinion publique à la suite de leur exécution. Elles créent une affiche, connue sous le nom d’Affiche Rouge, en raison de son fond rouge. Elle présente dix hommes du groupe, avec leur nationalité, leur nom, leur photo et la description de leurs crimes ; les Allemands distribuent environ 15 000 exemplaires de l’affiche. Parallèlement à ces affiches, les Allemands distribuent des tracts affirmant que la Résistance est dirigée par des étrangers, des juifs, des chômeurs et des criminels ; la campagne qualifie la Résistance de « complot des étrangers contre la vie française et la souveraineté de la France » :
Si des Français pillent, volent, sabotent et tuent…
Ce sont toujours des étrangers qui les commandent.
Ce sont toujours des chômeurs et des criminels professionnels qui exécutent.
Ce sont toujours des juifs qui les inspirent.
C’est l’armée du crime contre la France.
Le banditisme n’est pas l’expression du Patriotisme blessé, c’est le complot étranger contre la vie des Français et contre la souveraineté de la France.
Bien que l’affiche ait tenté de dépeindre le groupe comme des « terroristes », la campagne semble avoir eu pour effet de mettre en lumière les exploits de personnes que le grand public considérait comme des combattants de la liberté. Les partisans auraient même griffonné les mots MORTS POUR LA FRANCE sur les affiches et déposé des fleurs sous certaines affiches.
Léo Ferré a immortalisé cet évènement dans une chanson sortie en 1961.
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