Les maisons Castors
Nous sommes à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le pays est à sac, l’habitat plus que précarisé par les combats qui ont fait rage sur le territoire. Dès 1945, il faut reconstruire rapidement pour donner un toit à tous les Français qui sont nombreux à vivre dans des baraquements délabrés dans les villes démolies.
Des voix revendicatives se font entendre dans le pays pour réclamer la possibilité aux familles de construire solidairement leur maison. S’appuyant sur la réussite d’un modèle suédois (mis en place en 1927), Les Castors se lancent dans la mise en place d’un mouvement d’auto-construction coopératif.
Le mouvement est une fédération d’associations régionales ayant toutes la vocation de proposer une aide et des services liés à l’auto-construction.
Après-guerre, Les Castors réussissent à obtenir, à bon prix, de plusieurs maires, des terrains à peine constructibles pour que des familles expérimentent l’auto-construction coopérative. C’est le cas à Bayonne, où un terrain marécageux est asséché puis protégé de l’influence des marées par des buttes, avant de recevoir les constructions collectives.
D’autres chantiers importants voient le jour à Pessac (1948), Montreuil et Rezé. Les familles se rassemblent dans diverses villes pour construire selon le principe de l’apport- travail. communautaire. Des projets communautaires fleurissent à Lyon, Villeurbanne et apportent une réponse à la crise du logement que connait toute la France.
Les adresses des terrains se situent bien souvent à la périphérie et même s’ils sont consentis gratuitement ou à moindre coût ne sont pas pour autant des cadeaux. Car beaucoup d’entre eux seraient refusés par des acheteurs (ancienne décharge, marécages, etc.)!
Des statuts exigeants réglementent ce travail collaboratif :
- obligation de travail avec un temps minimal de 3000h,
- obligation de solidarité entre participants
- En cas de décès, les membres de l’association s’engagent à achever la construction pour la veuve et ses enfants.
A Calais, On recense 300 maisons Castor. Des logos ont été apposées sur certaines d’entre elles, pour ce souvenir de ces initiatives, alors que les propriétaires originels sont pour la plupart décédés.
Après multiples évolutions, regroupements, le mouvement Castor existe encore m’ais s’est orienté, dans les sixties, vers des projets individuels. Il compte aujourd’hui 50 00 membres, qui grâce à leur adhésions peuvent parfois bénéficier de prix négociés sur les matériaux.
Un projet collaboratif a vu le jour en Alsace et se poursuit toujours actuellement : il s’agit d’assurer la rénovation du bâtiment datant de 1925, siège social des Castors d’Alsace.
Si les projets Castors ont quasiment disparu, la solidarité a perduré avec les nouveaux chantiers collaboratifs s’épanouissant dans le milieu alternatif et « permaculturel ».
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