Le syndrome du bébé oublié sur le siège-arrière

Oublié quoi ? Son propre enfant dans la voiture ? NON ! ça ne peut arriver qu’à des parents idiots, égoïstes et monstrueux  ! C’est la première réaction que je vis lorsque je lis ou entends ce types de terribles fait divers. Oui, mais voilà, si l’on étudie d’un peu plus près les nombreux cas d’oublis de bébés, et c’est ce que les scientifiques font, on se rend compte que les parents ayant vécu ce drame, ne sont pas (tous) des fous dangereux, des pères et mères indignes ou des assassins refoulés !

Les psychologues pensent même que les plus dévoués parents, pourvu qu’ils possèdent un cerveau,  ne sont pas à l’abri de « commettre » malgré eux cet oubli effroyable. Pourquoi ?

Parce qu’il semblerait que le syndrome du bébé oublié sur le siège arrière soit le résultat d’un sale coup  de nos fonctions cérébrales. Selon le témoignage d’une maman ayant vécu ce drame (Christie Reeves-Cavaliero a perdu sa fille d’un an, oubliée dans la voiture par son mari) et qui milite pour la mise en place d’un dispositif automobile  pour éviter ces oublis,  « des gens comme VOUS et MOI, malheureusement, sommes capables d’oublier notre chargement le plus précieux sur le siège arrière de nos voitures.  »  Mais pour ceux d’entre vous qui nient encore l’éventualité d’une telle erreur, voici quelques éléments de réflexion que Christie ajoute.
« Avez-vous déjà, dans un moment de multitâche, de manque de sommeil, de retard au travail, ou de grande fatigue après une maladie (vous, votre conjoint, vos enfants), fait l’une des choses suivantes ?  Vous avez oublié d’éteindre les phares avant de sortir de votre voiture ? Vous avez laissé votre carte de guichet automatique dans le distributeur après une transaction ? Vous avez oublié de boucler votre ceinture de sécurité  !  Vous avez oublié d’éteindre la cafetière ? Vous êtes entré dans une pièce dans le but d’obtenir ou de faire quelque chose, puis vous vous êtes rendu compte que vous ne pouviez pas vous rappeler pourquoi vous étiez là ?

Selon Christie, qui exerce aujourd’hui, comme docteur en pharmacie,  « si vous avez déjà été coupable de l’un de ces comportements (ou de cas similaires de perte de mémoire due au stress), alors oui, malheureusement, vous aussi êtes capable d’oublier un bébé sur la banquette arrière. » Il semblerait que le syndrome du bébé oublié s’explique de la même façon que ces oublis sans gravité. Il s’agirait d’une défaillance de la mémoire causée par une modification de la routine.

Mémoire sémantique et prospective nous aide au quotidien à mener de front toutes les activités et les diverses occupations/contraintes. OUI, mais voilà, lorsque la mémoire prospective (celle qui nous rappelle les tâches à accomplir) fait défaut, la mémoire sémantique prend le relais avec son action de « pilote automatique ». On se retrouve au travail, sans même sans être rendu compte ! Le souci, lorsque la mémoire sémantique (mémoire d’habitude) est à l’action et qu’elle guide notre comportement, c’est qu’elle a tendance à inhiber l’action de l’autre partie du cerveau censée nous envoyer des informations et des signaux supplémentaires lorsque la routine devrait être bousculée !

Les fonctions cérébrales des esprits les plus brillants peuvent être chamboulées ! La mémoire de travail des plus prudents  fait alors preuve de défaillance ! Des chirurgiens oublient un scalpel dans le corps d’un patient, des pilotes de lignes omettent d’ouvrir les volets d’atterrissage et malheureusement des parents oublient un bébé dans la voiture ! Le trouble causé dans un cerveau multitâche peut malencontreusement causer des drames.