Harriet et le chemin de fer clandestin
Harriet est née esclave. Son propriétaire, Edward Brodess, un fermier du Maryland, « possédait » aussi sa mère. Des années avant sa naissance, ses grands-parents avaient été kidnappés et emportés loin du Ghana, leur pays africain. Arrivés aux Etats-Unis d’Amérique, ils furent vendus comme esclaves : leurs enfants et même leurs petits-enfants seraient réduits à la servitude ! Malmenée, souvent battue et fouettée, la jeune Harriet savait que l’esclavage était injuste. Un jour, elle s’interposa entre un contremaître et un esclave pour stopper les coups. Le contremaître lui envoya un poids de deux livres en pleine tête. Harriet survécut, mais garda toute sa vie des séquelles.
En 1849, âgée de 28 ans, Harriet apprit qu’elle allait être vendue à un propriétaire dans le Sud profond. Elle décida de s’enfuir et trouva la liberté en Pennsylvanie, un Etat abolitionniste. Des années plus tard, Harriet raconta qu’après avoir passé la frontière de l’Etat, elle regarda ses mains pour vérifier qu’elle était toujours la même : elle était libre ! Dès la fin de 1850, elle revint dans le Sud, avec l’espoir de libérer d’autres esclaves en les guidant sur le chemin de liberté qu’elle avait suivi un an auparavant. Elle mit en place un réseau clandestin de routes et d’endroits sûrs pouvant accueillir les esclaves en fuite. Surnommé « le chemin de fer », ce parcours sécurisé tiendrait son nom d’un esclavagiste, qui, voyant soudainement disparaitre un de ses esclaves, se serait exclamé : « c’était comme s’il avait emprunté une sorte de route souterraine ».
Afin de protéger les personnes qui aidaient les fugitifs, on utilisait des mots neutres n’ayant aucun rapport avec l’esclavage. Ainsi, un abolitionniste recevant des esclaves dans sa maison était un agent. Sa maison portait le nom de station. Et une personne qui guidait les esclaves sur le chemin de fer clandestin, comme Harriet Tubman, était un conducteur. En suivant l’étoile Polaire, les esclaves en marche sur le chemin de fer clandestin étaient assurés de toujours se diriger vers le Nord. Le long de la route, des abolitionnistes (noirs ou blancs) offraient le gîte et le couvert aux fugitifs. Certains proposaient aussi des vêtements, de l’argent ou un moyen de transport (bateau, chariot).
En 1850, avec le vote par le Congrès du « Fugitive Slave Act », tout abolitionniste prêtant assistance à un esclave en fuite se mettait hors-la-loi et était passible de 1000 dollars d’amende et d’une peine d’emprisonnement de 6 mois. Harriet Tubman transgressait cette loi chaque fois qu’elle menait un esclave sur le chemin de fer clandestin. Recherchée parce qu’elle s’était échappée, une forte somme était offerte par les propriétaires d’esclaves pour sa capture. Pendant 10 ans, Harriet continua à risquer sa vie et sa liberté pour aider les esclaves en fuite. En 19 voyages sur le chemin de fer clandestin, elle guida quelques 300 esclaves vers le Nord et la liberté. Elle fut surnommée « Moïse noire », « Grand-mère Moïse » ou « Moïse du peuple noir».
Je vous conseille de visionner l’excellent film rendant hommage à cette femme courageuse !
Des années plus tard, une autre femme, Rosa Parks, fit preuve, elle aussi, d’un grand courage pour combattre l’inacceptable.
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