Le potlach

Non ! mon ami n’est pas en train de lâcher ! Mon pote ne lâche pas ! Je voulais aujourd’hui vous parler (écrire) de la pratique du potlach. Un potlatch est une fête de remise de cadeaux pratiquée par les peuples indigènes de la côte nord-ouest du Pacifique , du Canada et des États-Unis. La tradition des potlatchs est commune aux peuples de l’intérieur et du subarctique jouxtant la côte nord-ouest.  Le mot vient du jargon chinook, qui signifie « donner “ ou ” un cadeau ».

Un potlatch consiste à offrir ou à détruire des richesses ou des objets de valeur dans le but d’affirmer le pouvoir d’un chef. Les potlatchs sont également axés sur la réaffirmation des liens familiaux, claniques et internationaux, ainsi que sur le lien entre l’homme et le monde surnaturel. Le potlatch sert également de régime strict de gestion des ressources, où les peuples côtiers discutent, négocient et affirment les droits et l’utilisation de territoires et de ressources spécifiques. Les potlatchs comportent souvent de la musique, des danses, des chants, des récits, des discours, et souvent des plaisanteries et des jeux. L’hommage rendu au surnaturel et la récitation d’histoires orales sont au cœur de nombreux potlatchs.

Criminalisée par le gouvernement du Canada, de 1885 à 1951, la pratique a persisté dans la clandestinité malgré le risque de représailles de la part du gouvernement, y compris des peines d’emprisonnement obligatoires d’au moins deux mois. Depuis la décriminalisation de cette pratique en 1951, le potlatch est réapparu dans certaines communautés. Dans beaucoup d’entre elles, il reste le fondement de la gouvernance autochtone, comme dans la nation haïda, qui a ancré sa démocratie dans la loi du potlatch.

De nombreux anthropologues ont étudié ce rite, organisé à l’occasion des naissances, des décès, des adoptions, des mariages et d’autres événements importants. Généralement, le potlatch se déroulait plutôt en hiver, car historiquement, les mois les plus chauds étaient consacrés à l’acquisition de richesses pour la famille, le clan ou le village, puis au retour à la maison et au partage de ces richesses avec les voisins et les amis. Dorothy Johansen, historienne spécialisée dans les cultures amérindiennes décrit, en ces termes, cette dynamique : « Dans le potlatch, l’hôte mettait le chef invité au défi de le dépasser dans son “pouvoir” de donner ou de détruire des biens. Si l’invité ne rendait pas 100 % des cadeaux reçus et ne détruisait pas encore plus de richesses dans un feu de joie plus grand et plus beau, lui et son peuple perdaient la face et son ‘pouvoir’ était donc diminué ». Les relations hiérarchiques au sein et entre les clans, les villages et les nations étaient observées et renforcées par la distribution ou parfois la destruction des richesses, les spectacles de danse et d’autres cérémonies. Le statut d’une famille donnée n’est pas déterminé par celui qui a le plus de ressources, mais par celui qui distribue le plus de ressources. Les hôtes démontrent leur richesse et leur importance en donnant des biens.

Les cérémonies de potlatch étaient également utilisées comme rituels de passage à l’âge adulte. Lorsque les enfants naissaient, on leur donnait leur prénom au moment de leur naissance (qui était généralement associé à leur lieu de naissance). Environ un an plus tard, la famille de l’enfant organisait un potlatch et offrait des cadeaux aux invités présents au nom de l’enfant. Au cours de ce potlatch, la famille donnait à l’enfant son deuxième nom. Lorsque l’enfant atteint l’âge de 12 ans environ, il est censé organiser son propre potlatch en distribuant les petits cadeaux qu’il a collectés à sa famille et à son entourage ; il peut alors recevoir son troisième nom. Dans certaines cultures, comme celle des Kwakwaka’wakw, des danses élaborées et théâtrales sont exécutées, reflétant la généalogie et la richesse culturelle des hôtes.


Crédits photographiques : By Edward S. Curtis – This image came from The North American Indian by Edward S. Curtis. These images were published between 1907 and 1930. According to the U.S. Library of Congress, they are in the public domain in the United States., Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3606885

A propos de l'auteur

Axelle Rousse_Redacxelle

Femme fatale aux courbes si parfaites qu’indicibles, je reste au foyer pour éviter les paparazzi et mener une vie tranquille loin des projecteurs. J’en profite pour cultiver mes neurones et m’intéresser à tout et n’importe quoi. Mes madeleines préférées sont la grammaire française, la littérature, la musique savante et la pédagogie.

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