Promenade sur les rives du défunt Lac Missoula
On a tous un endroit dans le monde qui nous fait plus rêver que les autres, pour certains ce sera le centre-est de l’Afrique, Iekaterinbourg, l’Extrême-Orient, les Fidji, Pondichéry, l’Uruguay (tous les goûts sont dans la nature, hein), La Havane, Tehuantepec ou n’importe où.
Pour moi, c’est le Montana, aux États-Unis (et aussi l’Alaska et le Yukon, dont il n’est pas question ici).
C’est en fouillant l’histoire de cette merveilleuse contrée dans laquelle « le chant des rivières vient bercer les bourgeons d’épinettes fraichement éclos à l’orée du printemps, quand le Chinook venu de la panhandle d’Idaho fait des bordées de neige hivernale, la chevelure ruisselante des Montagnes Rocheuses » comme l’a dit W.P.Windelley ; que j’ai été informée de l’existence du Lac Missoula.
À moins d’avoir vu Et Au Milieu Coule Une Rivière, avec (entre autres) Brad Pitt, Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de Missoula, qui est pourtant avec ses 88 000 habitants la deuxième ville du Montana après Billings ; c’est d’elle que tient son nom le lac qui nous intéresse ici.
Le Lac Missoula est un lac, disparu de nos jours, datant de la dernière glaciation il y a environ 14 000 ans ; c’était un lac de barrage, le plus grand connu à ce jour : 320 kilomètres de long pour une largeur maximale de 92 km, une surface de 7700 km² et une profondeur maximale de 610m (240 m en moyenne), le tout donnant un volume total de 2500 km3, soit environ autant que les lacs Érié et Ontario réunis.
On estime que sa surface était à 1300 m au-dessus du niveau de la mer, de fait le Red Sleep Mountain formait une île au milieu du lac.
Il était retenu dans une vallée montagneuse par un colossal barrage naturel de glace de plus de 600m de haut, et (selon les sources) 16 ou 48 km d’épaisseur pour 80 km de long, des Monts Purcell au lac Pend Oreille ; le barrage s’est brisé périodiquement sur son versant occidental pendant environ 2000 ans (il aurait cédé une quarantaine de fois en tout), provoquant des inondations cataclysmiques vers l’ouest jusqu’à l’Océan Pacifique, celles-ci ont laissé derrière elles, dans l’est de l’état de Washington, de nombreux canyons qui ont l’originalité d’avoir été creusés en quelques semaines en tout sur une période de deux millénaires, et non sous l’effet de l’érosion en plusieurs centaines de milliers ou millions d’années.
Un jour (personne n’est d’accord pour dire quand, mais ce devait être il y a environ 10 000 ou 15 000 ans), le barrage s’est brisé et les milliers de mètres cube d’eau ont déferlé sur les 750 km qui séparaient le lac de l’océan avec un débit des dizaines de fois supérieur à celui de l’Amazone. Il est supposé que ce fût la plus grande vague de l’histoire du monde.
Voilà. Une dernière chose : notez que nombre d’habitants créationnistes du Montana pensent que ce lac (et la dernière ère glacière) n’a jamais existé, le monde ayant été créé il y a environ 8 000 ans en six jours (plus un) par Dieu.
Un autre lieu étasunien à découvrir : Spokane !
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