Schlague
En lisant un article d’actualité dans un magazine d’information hebdomadaire volontairement « provocateur et iconoclaste », dont je tairai le nom ; un terme a suscité mon interrogation et s’est montré digne de son contenant en agitant et provoquant mes neurones. Le texte agréable en soit, tout public, consensuel et facile à lire, voire même un tantinet vulgarisateur a pris une toute autre tournure dans sa conclusion en utilisant un nom que le commun des mortels (exceptés les vétérans peut-être) ne peut comprendre.
« Oyez Oyez », un peu ce mot sorti de derrière les fagots teutons ! « SCHLAGUE » ; attention, veuillez bien avancer vos lèvres et coincer votre langue derrière vos dents pour le prononcer au mieux, au risque de vous en prendre un coup car il désigne une « châtiment anciennement usité en Allemagne et en Autriche consistant à infliger une punition à coups de baguettes sur le dos du coupable ». Dans le langage familier, la schlague est devenue une manière brutale de se faire obéir (au doigt et à la baguette !). Par extension, on l’utilise pour désigner une correction brutale, alors qu’au sens figuré « à la schlague » désigne une manière autoritaire et brutale.
Pour le malheur de ceux qui le subissent, sachez que le verbe « schlaguer » se conjugue à tous les temps et désigne bien sûr une action réalisée par des schlagueurs sur des schlagués pas toujours consentants !
Ne le prenez pas comme une schlague, mais plutôt comme un moyen de vous cultiver encore plus ; je vous offre de conjuguer ensemble (virtuellement et sans baguette bien sûr !), ce verbe au subjonctif imparfait.
que je schlaguasse
que tu schlaguasses
qu’il/elle/on schlaguât
que nous schlaguassions
que vous schlaguassiez
qu’ils/elles schlaguassent
Attention à ne pas confondre ce terme avec son paronyme « Schlinguer » qui aurait d’ailleurs la même étymologie mais dont l’acceptation actuelle dégage de vilaines odeurs.
La schlague était un instrument de torture utilisé par les Nazi. Le détenu était calé sur un chevalet, le torse posé dessus et recevait sur l’arrière des jambes et sur le dos des coups de goumi, de cravache autant que la cruauté du tortionnaire l’inspirait. Vous pouvez en voir un spécimen au camp de concentration de Natzwiller en Alsace.
Je me permets de signaler à notre fana de grammaire française que la conjugaison du verbe « schlaguer » qu’elle nous propose N’EST PAS au subjonctif présent (qui aurait donné que je schlague, que tu schlagues, qu’il schlague, que nous schlaguions, que vous schlaguiez, qu’ils schlaguent), mais au subjonctif imparfait.