La paronomase
Dans la liste des figures de style qu’on utilise sans toujours savoir les nommer, citons la paronomase. La paronomase, très utilisée dans l’humour et la publicité, consiste à associer des termes aux sonorités semblables mais de sens différent.
La paronomase : une utilisation au quotidien
« Qui vole un œuf vole un bœuf », « après l’effort, le réconfort », « qui se ressemble, s’assemble », « qui vivra verra » : les proverbes français regorgent de paronomases ! Et pour cause : quoi de mieux que ces glissements de sonorités pour retenir l’attention et faciliter la mémorisation ?
Mais savez-vous qu’il existe deux types de paronomases ? La paronomase In praesentia et la paronomase In absentia.
La paronomase In praesentia
Dans la paronomase in praesentia, on glisse d’un terme à une autre, les deux termes étant explicitement formulés. Cette paronomase est particulièrement représentée dans les slogans publicitaires qui cherchent à marquer l’esprit des auditeurs. Par exemple « Entremont, c’est autrement bon», « On est fou d’Afflelou », « Des pâtes oui, mais des panzani », « À fond la forme ».
Heureusement, la paronomase n’est pas cantonnée aux slogans publicitaires. On la trouve en poésie, où son utilisation peut avoir un effet précieux. On pense par exemple aux célèbres vers de Paul Verlaine issu de Romances sans Paroles (1874) :
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville
Le rapprochement phonétique des deux verbes (« pleure » et « pleut ») permet de confondre le paysage extérieur à la mélancolie du poète.
Dans « Le pont Mirabeau », Guillaume Apollinaire utilise une paronomase pour souligner sa souffrance :
Comme la vie et lente
Et comme l’Espérance est violente
La paronomase in absentia
Mais la paronomase peut aussi être implicite : c’est une paronomase in absentia. La paronomase in absentia joue sur la complicité du lecteur qui doit identifier lui-même le terme manquant.
Par exemple, dans son poème « Veni, vidi, vixi », Victor Hugo modifie la célèbre expression attribuée à Jules César « Veni, vidi, vici » (« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ») en changeant « vici » par « vixi » : « Je suis venu, j’ai vu, j’ai vécu. ». La paronomase est implicite puisque c’est le lecteur, fort de sa culture générale personnelle, qui va effectuer le rapprochement avec le terme manquant.
La paronomase implicite peut aussi être satirique. C’est souvent le cas dans les jeux de mots sur l’onomastique d’un personnage. Ainsi, le jeune médecin Diafoirus, dans Le Malade imaginaire de Molière, est automatiquement décrédibilisé car son nom, par effet de paronomase, fait songer à…la diarrhée. Et quand le médecin est associé à la maladie, on a plutôt envie de prendre ses jambes à son cou.
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