Qui a dit que les zombies n’existaient pas?

Non, en effet, les Zombies de Romero ou Max Brooks n’existent pas. Pourtant la nature nous montre quotidiennement que de nombreux parasites peuvent influencer voire totalement prendre le contrôle des mouvements, des pensées et de la volonté de certains êtres vivants. On les appelle les parasites manipulateurs:

Ainsi, le parasite Dicrococoelium dendriticum ou « Petite douve du foie » accomplit un complexe et langoureux cycle de la vie, en passant par la fourmi dont il prend tout bonnement le contrôle ! En effet, la fourmi, en avalant la bave d’un escargot contaminé va devenir l’hôte de plusieurs centaines de larves microscopiques (Qu’on appelle plus proprement cercaires) dont l’une d’entre elle va se loger dans le ganglion sous œsophagien de la Formica fusca (déjà victime des fourmis esclavagistes, triste vie.), tout près des nerfs des pièces buccales. On l’appelle  » le ver cérébral » pour les changements de comportement qu’il va provoquer chez sa victime. Et c’est là que ça devient analogue aux comportements hollywoodiens de nos chers mangeurs de cervelle: Le ver cérébral va ordonner à la fourmi de se positionner sur le haut d’un brin d’herbe durant la nuit et matinée de chaque journées! Cela dans l’unique but d’arriver à son hôte définitif:  Le mouton, qui va venir brouter son herbe fraiche dès le matin sans savoir qu’une fourmi contaminée s’y trouve.

Aussi, pour l’anecdote, l’après midi il est impossible de différencier une fourmi contaminée d’une saine d’esprit, car toutes s’activent et s’adonnent à leurs tâches habituelles, comme si le parasite ne tenait pas à se faire remarquer.

Pour citer un autre exemple: La bien aimée tique que l’on connait, parasite impressionnant de par ses caractéristiques et sa « méthode » de forage de la peau, transmet facilement la maladie de Lyme (Maladie quasi exclusive à la tique) qui inclut comme symptômes un caractère dépressif, un manque de motivation, de volonté et une grande fatigue, comme pour plonger la victime dans une profonde inactivité. Le cerveau humain peut donc indirectement (Comme dans ce cas, mais directement aussi) être influencé par un parasite.

Ou encore: La guêpe Hymenoepimecis argyraphaga qui pond ses œufs dans son araignée hôte: la Plesiometa argyra. Ceux ci se développent en maintenant leur victime en vie, car ce détail a son importance: La nuit qui précède l’entrée en métamorphose des larves de guêpe, celles ci ordonnent à l’araignée de tisser un cocon tout à fait inhabituel, afin de protéger les larves une fois l’araignée morte (Car celle ci décède juste après avoir tissé la toile protectrice).


Les metacercaires (larves) d’Euhaplorchis californiensis, quant à elles, envahissent la boîte crânienne d’un poisson marin (Fundulus parvipennis) pour hôte intermédiaire, son but étant l’intestin d’un oiseau (Calidris pusilla) friand de petit poissons. Ces larves vont ostensiblement influencer la victime afin qu’elle soit mangée au plus vite par le petit oiseau. Ainsi, on note un comportement nettement différent chez les poissons contaminés:  Séjours fréquents près de la surface, mouvements désordonnés et surtout ils dévoilent régulièrement leur ventre blanc vers la surface, chose totalement inhabituelle chez ses congénères. L‘Euhaplorchis californiensis pousse donc clairement les contaminés à un comportement suicidaire. Et ça fonctionne: Les infectés sont 30 fois plus souvent mangés que ceux en bonne santé.

Dernier petit exemple: Le Microphallus Opacus, parasite fréquent dans les lacs et cours d’eau de Nouvelle-Zélande, possède un cycle semblable à celui de la Petite Douve du Foie (car de la même famille).  L’un des intermédiaires du Microphallus Opacus est un crustacé: le Gammare. Il va lui aussi subir la diabolique volonté de nos chères têtes blondes qui vont le pousser à surveiller chacun des bruits venant de la surface, au cas où un goéland (L’hôte définitif) pataugerait dans l’eau au dessus d’eux. Si la situation se présente, le crustacé remonte et tourne en rond à la manière d’un fou, comme si il voulait être dévoré; et c’est souvent ce qui se passe. La boucle est alors bouclée pour le parasite, il est dans l’organisme de son hôte définitif.

Nombre d’autres cas existent et prouvent l’existence de parasites manipulateurs inventifs et terrifiants. Certains scientifiques pensent même qu’ils tiennent un rôle essentiel dans la chaine alimentaire, en régulant certains déséquilibres. Ils sont en tout cas d’une ingéniosité extra-ordinaire et d’une malice cruelle qui n’embellit pas leurs image chez les Hommes, qui ont au moins le mérite d’être inspirés pour des œuvres de Science-Fiction :D.

L’Humain, notamment grâce aux progrès scientifiques et médicaux, reste peu touché par des parasites manipulateurs aussi inquiétants que ceux précédemment cités. Mais cependant certains médecins et scientifiques pensent que quelques parasites comme celui du Toxoplasma pourraient modifier le comportement des personnes touchés…

Aussi effrayant que passionant n’est ce pas? 😀

Source de l’image: Flickr. Auteur: Il conte de Luna

Image sous licence Creative Commons - License Deed Paternité - Partage des Conditions Initiales à l'Identique.

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Colo_

12 commentaires

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  • Très intéressant en effet ! Mais que deviennent ces parasites une fois dans l’hôté définitif ? Ce serait bien triste s’ils venaient y mourir, et surtout bien bête pour ces organismes somme toute assez malins…

  • Passionnant!
    Bravo!

    @Emma: à mon avis, l’hôte définitif sert tout simplement d’incubateur… où finalement la prochaine génération verra le jour!

    Sinon j’aimerais croiser cet article avec un autre lu il y a quelques temps sur le génial blog de Strange Stuff And Funky Things :

    http://ssaft.com/Blog/dotclear/index.php?post/2010/07/09/%5BFreaky-Friday-Parasite%5D-Le-retour-des-guecirc;pes-Zombifiantes!!!

    Accrochez vos estomac, car si la seule image de cet article est une bien jolie fourmi, là-bas ce sont des vidéos d’ insectes-zombies auxquelles vous aurez affaire! 😉

  • @SuRuMu, en effet, pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ?… Merci de ces précisions !

    Par contre, le document de ton lien n’existe apparamment pas…

  • Cool comme article.

    Quand au comportement suicidaire : y’a un film nommé « Phénomène » qui montre des hommes qui se suicident en masse après que les arbres ont émise partout sur la terre des phéromones qui coupent l’instinct de survie.

    Ce serait possible ce genre de chose ?

  • Justement, j’ai hésité à faire une comparaison entre la « Petite douve du foie » et Phénomène! Si le parasite avait un besoin de la mort de son hôte pour continuer son cycle de la vie, ce serait largement possible. Par exemple si le parasite se développait dans de la chaire morte, en putrefaction ou si il devait être ingéré par des oiseaux charognards.

    Comme quoi on a rien inventé 😀

  • J’avais lu un article de Science et vie qui parlait de ça, j’étais bluffé par les capacités d’un truc aussi petit. Ça fout les chocottes quand même…Mais l’article est tellement bien qu’on arrive sans problème à la fin 😀

  • Ah ! La fameuse douve du foie.

    Pas franchement excitant comme bestiole à étudier (Du point de vue des moeurs, si, de l’apparence, non)

    Par contre, pour autant que mes cours de BA m’ait servi, ce n’est pas « Dicrococoelium dendriticum » mais juste « Dicrocoelium dentriticum ».

    Merci pour cet article =)

  • Excellents souvenirs de fac…

    Si je me souviens bien, avant de se faire bouffer par la fourmi, la petite douve passe avant faire un tour sous forme d’oeuf dans un petit mollusque dont le nom m’échappe. C’est ce mollusque qui se fait manger tout cru par la fourmi sa voisine… Une fois dans le mouton, elle peux prendre sa forme adulte et mangé à son aise dans l’hôte tout en se reproduisant. Les oeufs finissent dans le sol via l’orifice excréteur du mouton. Là ils se font bouffer par un petit mollusque dont le nom m’échappe. C’est ce mollusque qui se fait bouffer par la fourmi sa voisine… etc

    Il me semble qu’elle se reproduit de la même façon que son cousin le vers solitaire (taenia) qui comme son nom l’indique vit tout seul dans le ventre de son hôte (souvent un être humain). Mais comment se reproduire sans partenaire???
    Il a (le taenia en tout cas) des organes reproducteurs mâle et femelle… Ce sont alors les meilleurs moments de sa vie que passe le taenia. Il mange la nourriture que l’hôte lui envoie, tout en se faisant l’amour à lui même…

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