J’ai la pêche

http://www.yunphoto.net/en/photobase/hr/hr3041.htmlC’est l’hiver et comme moi vous en avez marre des pommes, des poires et des scoubidous. Alors évadons-nous, prenons le soleil avec notre écran et plongeons dans l’été en parlant de pêche (notez que j’ai admirablement évité le jeu de mot subtil mais trop facile « donnons nous la pêche avec les pêches »). Préparons nos cuistreries estivales, anticipons les paniers de fruits dont les formes et les saveurs sont bien différentes des boîtes de conserves à micro-ondes (ah bon faut pas ?).

Je vous raconte un peu ma vie passionnante pour faire durer le plaisir. Une des risées familiales dont je me souviens le mieux, a été la fois où, désemparé devant la panière de pêches et celle de brugnons, je n’ai pas su laquelle passer lorsque qu’on me demandait les pêches. Alors, amis incultes comme moi, je viens vous sauver, depuis ce jour je passe jour et nuit sur le sujet. Je vous ai concocté une méthode infaillible pour identifier à coup sur le type de fruit du pêcher qu’on vous présente.

Alors, tout d’abord, commençons par observer discrètement, comme si vous n’étiez passionné que par les discussions de la partie de pêche du matin de votre oncle. Si, vous le pouvez, faites semblant de laisser vos clés dans la panière pour les toucher c’est encore plus facile et discret. Alors si le toucher ressemble à de la fourrure polaire ou à votre moustache, Messieurs, quand vous aviez 14 ans, alors vous pouvez conclure qu’il s’agit d’une pêche ou d’une pavie. En revanche, si elle a la peau lisse (municipale de préférence), alors c’est une nectarine ou un brugnon.

Ensuite, toujours avec la même discrétion, faites mine de chercher vos clés avec votre nez. Arguez que vous entraîner votre flair. A ce moment, profitez que l’attention se détourne de vous pour croquer un petit bout. Ne mangez pas tout, vous devez simplement aller jusqu’au noyau. Si, à l’étape précédente, vous aviez déterminé une peau duveteuse, et que la chaire colle au noyau alors il s’agit d’une pavie ; dans le cas contraire, il s’agit d’une authentique pêche. Si vous aviez identifié une peau lisse, et que le noyau est adhérent (qui colle, pas membre du club des pêches), alors il s’agit d’un brugnon, sinon, c’est une nectarine.

Si mon explication est claire comme du jus de pêche fermentée, voici un petit résumé :


  • Pêche : peau duveteuse, noyau non adhérent
  • Pavie : peau duveteuse, noyau adhérent
  • Nectarine : peau lisse, noyau non adhérent
  • Brugnon : peau lisse, noyau adhérent

Et comme ensuite vous serez des spécialistes, je vous invite à lire le passionnant article wikipédia sur la pêche. Les snobs qui ont, depuis le début de leur lecture, envie de caser qu’ils préfèrent les pêches plates seront heureux d’apprendre que c’est du « made in China », qui, comme le maître Piccolo, vous promet la vie éternelle.

Enfin, « spéciale cass-dédi aux lascars de Montreuil », parce qu’ils ont aussi des murs à pêche que les rois de toute l’Europe, ils « kiffaient » grave.

Edition du 23/02/2012: Je vous conseille fortement le commentaire pertient et passionnant sur l’art de la dégustation des vrais pêches de Jacques.

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commandant

10 commentaires

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  • Est-ce la chaire d’agronomie qui colle au noyau de la pavie ? (fruit qu’au demeurant je ne connaissais même pas, merci pour cette pépite de culture !)

  • Wouaouh! , l’érudit, le curieux, le gourmand!
    Mais aussi le tripoteur de pêches, l’irrespectueux, le vandale, le pousse au crime de lèse majespêche!

    Je connaissais un vieux jardinier, qui après avoir reconnu la justesse de tes informations, t’aurais décapité d’un coup de bêche, puis condamné à vingt ans de galère pour un tel comportement avec un fruit si délicat.

    Ce qui m’amène à un complément d’information sur la différence entre la pêche du commerce, la pêche du jardin, et la vraie pêche.

    – À la pêche du commerce actuel vous pouvez faire subir quelques tortures comme la prendre dans la main sans trop serrer, voire la présenter dans un panier si vous vous sentez un tempérament barbare. Elle devrait résister quelques heures et même un un deux jours pour les brugnons et nectarines. Si donc vous avez mis sans trop de précaution des pêches dans un panier et qu’elles sont encore mangeables le soir, leur provenance est assurément commerciale. Je veux dire par là que le choix de la variété, les traitement subis, le moment de la récolte et les conditions de stockage ont été choisies en fonction de la résistance et de l’apparence du fruit au moment de la vente finale.

    -La pêche du jardin que vous pouvez trouver chez un amateur, chez vous, et parfois sur un marché si vous connaissez le vendeur producteur, est déjà beaucoup plus délicate. Elle a été cueillie le matin même, juste après l’évaporation de la rosée, par une main experte, souvent gantée et toujours au geste sûr. Car la moindre pression fera en peu d’heures mollir une chair devenant marron sous une peau détendue. Ces pêches là devront être consommées de préférence le jour même, jamais entassées et manipulées le moins possible avec la totalité de la main pour réduire la pression insupportable des seuls pouce et index.

    -La pêche, la vraie, celle qu’un jardinier, amateur ou non, vous fera goûter uniquement si vous êtes de ses intimes et avez fait longtemps preuve de grande sensibilité et d’amour de la nature et du goût. Il vous donnera rendez-vous secrètement un matin, exigera que vous soyez seuls, vérifiera que personne ne vous a suivi et vous emmènera dans un coin du jardin exposé au sud ou à l’est. Là il ne prononcera pas le mot pêche, il n’emploiera que des petits noms. Et selon ce qu’il sait de vous il vous dira par exemple : « aujourd’hui je vais te faire goûter une grosse mignonne, tu me diras ce qu tu en penses ». Si des images autres que celles du fruit vous passent alors par la tête, mieux vaut vous abstenir. Ce moment est sacré. Puis il vous montrera l’arbre, plus ou moins chargé de ce que vous nommez pêches. Si vous tendez le bras vers un fruit il y a neuf chances dur dix que le jardinier vous arrête, l’air terrifié. « pas celle-ci, elle n’est pas encore prête. Il ne faut pas la toucher. Je vais t’en choisir une ». Il le fait alors avec le geste adéquat, et vous tend l’offrande sur la paume de la main. À la première bouchée vous hésitez entre le plaisir divin du palais et la protection contre le flot de jus qui vient souiller votre chemise neuve. « j’ai oublié de te prévenir : une grosse mignonne, comme les autres, tu ne peux pas l’empêcher de dégouliner ». Mais dès la seconde bouchée vous êtes le buste en avant en train d’essayer de gaspiller le moins possible du précieux nectar, en vous demandant si vous allez oser lécher votre chemise. Fréquemment le noyau se sera ouvert en deux, libérant un perce-oreille(forficule pour les intimes) que vous aurez intérêt à trouver sympathique pour ne pas vexer votre hôte. Ce qui ne vous empêchera pas de sucer les derniers lambeaux du fruit dont vous regrettez déjà la disparition. Après vous être extasié, le jardinier vous en donnera deux ou trois pour emporter chez vous. Mais uniquement par politesse, parce que la vraie pêche, ce n’est pas transportable. Ça ce mange sous l’arbre ou pas du tout. Et le soir, effectivement, quand vous mangerez une nouvelle grosse mignonne à la fin du repas, elle sera agréable, certes ; mais vous chercherez longtemps et en vain la magie du matin.

    Jacques

  • Ouahou!

    Merci beaucoup Jaques pour ces précisions passionnantes. J’ajoute un lien vers votre commentaire dans l’article tellement je suis encore retourné par la qualité de votre commentaire.

  • Euh…
    Mes joues en sont toutes rosissantes.
    Je ne peux que retourner le compliment:
    La qualité des commentaires est souvent la conséquence de celle du blog.
    Il suffit de parcourir un peu la blogosphère pour le constater.
    Jacques

  • Au japon, les pêches sont énormes (plus grosses que de grosses pommes normandes), et bien souvent meilleures au goût que les pêches sur les marchés européens. Elles sont honteusement chères, aussi.
    Finalement, pas mal de fruits au Japon se présentent différement qu’en europe : les poires sont rondes (sans dec’), certaines pommes font facilement la taille de deux grosses pommes de France, … et tout ceci était déjà vrai avant Fukushima, je tiens à le préciser.

  • Je ne mangerais plus jamais mes pêches/brugnons/nectarines/pavies (cool j’ai appris un nouveau mot, je vais pouvoir crâner cet été !) de la même manière après cet article très intéressant et instructif et le magnifique commentaire de Jacques, j’avais très envie d’y goûter à cette grosse mignonne !!

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