Bigeard…Un jour, un homme

Il arrive couramment qu’en lisant un livre quelconque, une citation retienne notre attention, par exemple, Untel dit à Tel autre : « passe-moi le sel. » et il vous prend l’envie de noter cette phrase immense pour ne jamais l’oublier. De toutes celles que j’ai lues, la plus grande est (à une ou deux exceptions près) à n’en pas douter celle qu’a dite le Général Bigeard dans son  livre, Le siècle des héros : « La liberté n’est pas un dû, elle se mérite ».

À méditer.

Disserter sur la liberté me plairait beaucoup, mais c’est une affaire d’opinion, et j’aurais meilleur compte d’écrire un livre (à méditer, là aussi), alors je vais parler d’un homme qui a toute mon admiration : le Général Bigeard.

Jeunesse de Marcel Bigeard

Marcel Bigeard est né en 1916 à Toul, second et dernier enfant d’un ouvrier des chemins de fer (Charles Bigeard, 1880-1948) qu’il décrit dans ses mémoires comme taciturne et peu loquace (Il est mort aussi silencieusement qu’il avait vécu. Dit-il dans ses mémoires) et d’une femme au foyer (Marie-Sophie Ponsot, 1880-1964), la vraie maitresse de la maison, d’après son fils ; il mène une enfance sans vagues et devient en 1930, après l’obtention de son brevet, employé de banque, alors qu’il rêve (de son propre aveu) de devenir boxeur (c’était à l’époque la boxe et non-pas le football le sport le plus populaire en France) ; En 1935, il se fiance à Gabrielle Grandemange (1919-2011)(qu’il surnomme Gaby), alors âgée de seize ans, qu’il épousera en 1942 et qu’il décrit comme son « grand et seul amour ».

La carrière militaire

Il effectue son service militaire de septembre 1936 à septembre 1938, et est remobilisé six mois après sa libération, il est affecté au 79e régiment d’infanterie de forteresse basé à Hoffen, sur la ligne Maginot ; il se porte volontaire pour servir aux corps-francs et atteint le grade d’adjudant en 1940. Il est fait prisonnier trois jours après la capitulation (le 25 juin) et est envoyé au stalag 12A (au mépris complet de la convention de Genève qui veut que les soldats capturés sans combattre soient libérés rapidement) dont il s’évade le 11 novembre 1941 à sa troisième tentative, il profite d’un court répit pour épouser sa chère Gaby.  Il s’engage comme volontaire dans l’armée de Vichy et, à peine arrivé en Afrique, déserte pour rejoindre les Forces Françaises Libres, en octobre 1943. Il suit un (trop, à son gout) long entrainement en compagnie des commandos britanniques avant d’être parachuté en France le 8 août 1944 afin de commander le groupe de résistance de l’Ariège ; il libérera le département le 22 août en ayant perdu 44 hommes et en ayant mis hors de combat 230 ennemis et en en faisant prisonniers 1420.


Faits de guerre

  • Il est décoré de la Légion d’honneur et du Distinguished Service Order britannique pour ce fait d’armes, puis est nommé capitaine en 1945.
  • Son unique fille naît en 1946, lui et sa femme la nomment (est-ce étonnant …?) Marie-France.
  • En 1945, le capitaine Bigeard est envoyé en Indochine avec son unité et sert en Cochinchine jusqu’en mars 1946, puis est envoyé au Tonkin, il obtient le grade de chef de bataillon en 1952, il prend part aux combats de Dien Bien Phu où il est nommé lieutenant-colonel et où il se distingue héroïquement aux côtés du Colonel Langlais et des soldats Français pris au piège dans la cuvette ; il est fait prisonnier le 7 mai 1954 lors de la chute du camp de Dien Bien Phu.
  • Il se souvient : « La vraie douleur, la seule chose que je ne pardonne pas aux Viets, ce sont les huit mille morts pendant ces quatre mois de captivité. Cruauté inutile, inhumanité. […] L’ancien capitaine vietminh m’a dit : « Nous n’avons tué aucun prisonnier. » C’est vrai, ils les ont laissé crever, alors qu’il aurait été si facile de sauver tout le monde. […] Je ne pourrai jamais l’oublier. »

Il est libéré en septembre 1954.

L’expérience africaine

Il participe ensuite à la guerre d’Algérie et est gravement blessé d’une balle dans la poitrine, en juin 1956, il est rapatrié et reçoit le titre grand officier de la Légion d’honneur le 14 juillet de la même année. Il prend part à la bataille d’Alger et parvient à capturer à l’aide de son unité de nombreux officiers et terroristes rebelles. Il obtient le grade de colonel en janvier 1958 et rencontre le Général de Gaulle le 27 août 1959, celui-ci lui confie le commandement de la région d’Ain-Sefra, où sont basés 15 000 soldats Français ; ce poste lui sera retiré après qu’il ait fait défaut à son devoir de réserve en janvier 1960 à la radio.

L’Algérie obtient son indépendance en 1963. Bigeard commente : « Les Algériens vont découvrir que l’indépendance n’est pas forcément la liberté. »

Il quitte l’Algérie pour la République Centrafricaine en 1960, il ne combattra plus après cette date, il reste en République Centrafricaine jusqu’en 1963 et ne sera pas présent lors du putsch  mené en 1965 par le colonel Jean-Bedel Bokassa contre son ami le président David Dacko. Il en dit avec un humour teinté d’amertume : « Tous les peuples d’Afrique auront donc chassé les colons blancs pour tomber sous la dictature de leurs frères. Ironie du destin. »

Gloire et honneurs

  • Il devient le général de brigade Bigeard le 1er août 1967 ; il dit que le plus grand regret de sa chère mère est de ne pas avoir vécu assez longtemps pour le voir obtenir son képi à deux étoiles.
  • Il est nommé commandant supérieur des forces terrestres Françaises au Sénégal par le Général de Gaulle le 7 février 1968, en juillet 1970, il entre pour dix mois à l’état-major de l’armée Française, en août 1971, il devint chef des armées Françaises dans l’Océan Indien, le premier décembre 1971, il atteint le grade de général de division, en septembre 1973, il prend le titre de deuxième adjoint du gouverneur militaire de Paris, et le 1er mars 1974, il est promu général de corps d’armée et est nommé au commandement de la 4ème région militaire avec sous ses ordres 40 000 hommes.
  • Ce sera le sommet de sa gloire. Il quitte l’armée en 1976, après un court passage au secrétariat d’Etat à la défense.
  • Il écrira seize livres témoignant de son patriotisme exemplaire et décédera de causes naturelles (après avoir survécu à deux attentats et huit jours d’encerclement face à deux divisions ennemies !) en 2010.
  • Une promotion de l’école interarmes portera son nom.

Je crois que l’on peut lui appliquer les paroles d’un magnifique chant militaire, certes moins connu que le Boudin :

Magnifique officier, glorieux chef de guerre

Incarnant à jamais les pures traditions

Vaillant parachutiste au titre légendaire

Qui donnez votre nom à notre promotion

Acceptez notre vœu, guidez-nous sur vos pas !

A propos de l'auteur

Axelle Rousse_Redacxelle

Femme fatale aux courbes si parfaites qu’indicibles, je reste au foyer pour éviter les paparazzi et mener une vie tranquille loin des projecteurs. J’en profite pour cultiver mes neurones et m’intéresser à tout et n’importe quoi. Mes madeleines préférées sont la grammaire française, la littérature, la musique savante et la pédagogie.

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